de buis, une fouace, enfin, un de ces lourds gâteaux de pâte grossière qui se débitent, par les rues de Quimper, les jours de marché.
— Vous accepterez du moins de partager ma nourriture, dit-elle, puisque vous en avez, comme moi, pour jusqu’à Landerneau ?
Ce n’était pas l’envie qui me manquait de goûter à ces provisions dont la frugalité même exhalait un je ne sais quoi d’honnête et d’appétissant. Il y avait près de vingt-quatre heures que je n’avais ni mangé, ni bu, et mon estomac d’homme robuste, accoutumé à l’air aiguisé du large, n’était pas sans crier énergiquement la faim. Mais le supplice que j’avais imaginé pour me venger des deux autres, je tenais à l’expérimenter d’abord sur ma propre personne : j’avais résolu d’éprouver par moi-même si cette torture du jeûne était bien ce que je souhaitais qu’elle fût, et aussi de vérifier, dans la mesure du possible, le temps qu’il fallait pour que son œuvre s’accomplît.