Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/265

Cette page n’a pas encore été corrigée

Bretonne, à vouloir me rembourser le prix de sa place.

— C’est que, sans vous offenser, vous n’avez pas l’air d’un riche, vous non plus.

Pour calmer ses scrupules, je lui sortis, du geste insouciant d’un matelot qui rentrerait de campagne, une poignée d’or et de billets de banque mêlés à du billon.

— Vous arrivez des Amériques, peut-être ? me demanda-t-elle ingénument.

Elle avait un fils qui s’était embauché pour l’Argentine, sur la foi d’un prospectus d’émigration, et elle en était sans nouvelles, depuis quelque cinq ans, mais elle ne désespérait pas de le voir reparaître, un jour ou l’autre, vêtu comme un « gentilhomme », avec des coffres chargés de lingots.

Tout en me contant cette histoire, elle s’était mise à défaire un panier d’osier peint en noir, installé près d’elle sur la banquette. Elle en tira successivement du pain, du lard fumé, un peu de beurre dans une coupelle