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Hélas ! non, c’était le sifflet du premier train d’aube débouchant en gare, mon ingénieur. Je retombais dans le cauchemar, c’est-à-dire dans la réalité.

Quand j’eus dégourdi mes membres, secoué la rosée qui engivrait mes vêtements et rassemblé quelques lambeaux d’idées éparses :

« Ça, me demandai-je, où et comment passer cette journée, ainsi que les douze ou treize autres qui la vont suivre ? »

En quittant la caserne, j’avais visé un double but très précis : d’abord, m’évader d’un logis où je n’étais plus chez moi et rompre avec la présence abhorrée d’une femme qui avait cessé d’être la mienne ; ensuite, gagner Quimper pour y faire l’emplette que vous savez, persuadé à tort ou à raison qu’elle m’offrirait des garanties plus certaines, si je me la procurais au chef-lieu… Quant au voyage en Léon, ce n’avait été, ce ne pouvait être, dans mon intention,