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donnée de ramener son cadavre au cimetière de son bourg natal…

Du temps que j’étais au phare de Bodic, nous n’étions séparés de Loguivy que par l’estuaire du Trieux. Le plus souvent, lorsque nous avions à nous rendre à Paimpol, c’est là que le bac nous déposait. Les vieilles nous bonjouraient au passage et nous nous arrêtions presque toujours à causer avec elles. Nous avions même noué des relations. Parfois, on nous invitait, selon l’usage de ces contrées hospitalières, à prendre le café. Nous demandions des nouvelles des absents et si leurs lettres annonçaient une pêche fructueuse. On nous faisait des récits sur Sein. La plupart de ces bonnes femmes y avaient été, mais elles n’en parlaient pas moins comme d’une terre étrange, à demi fantastique, perdue dans l’immensité des espaces, par delà des frontières du monde réel.