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une mélopée d’oraison. La sauvagesse vaquait à ses dévotions du soir auprès de sa canaille endormie.

Je me traînai en rampant vers les marches du seuil et, par le « trou de chat » pratiqué dans le bas de la porte, j’appelai à voix sourde :

— Madame Thumette, s’il vous plaît !… Madame Thumette !

Le fredon cessa : l’Ilienne m’avait entendu.

— C’est donc vous, monsieur Dénès ?

— C’est moi.

Elle tira doucement le verrou et m’introduisit dans la pièce. C’était la première fois que je pénétrais chez elle. Je demeurai tout suffoqué, d’abord, par l’odeur d’étable humaine qu’on y respirait, renforcée de je ne sais quel relent de saumure. Impossible, d’ailleurs, d’imaginer un capharnaüm plus étrange : aux solives, pendaient, pêle-mêle, des grappes d’oignons, des tourteaux de graisse, des quartiers de porc, des chapelets