Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/214

Cette page n’a pas encore été corrigée

t-elle, dans sa joie égoïste de se sentir complètement hors de cause.

Sa figure s’était illuminée. Mais, aussi vite, en comédienne habile, elle changea l’expression de ses traits et l’intonation de sa voix, pour reprendre :

— Ne crois pas que j’aie voulu dire une méchanceté, Goulven… Non… À ta mine abattue, à tes paroles, je m’étais imaginée… Ton sou de malheur, je n’ai qu’un regret : c’est de ne te l’avoir pas arraché, jadis, pour le jeter à la mer. Cela nous eût évité cette sotte émotion… Je suis persuadée que la vieille Dénès a des années encore à me bouder d’être devenue ta femme… Mais ce que j’en dis n’est pas pour t’empêcher de te rendre en Léon. Au contraire ; j’entends que tu fasses le voyage. Si même je ne savais que ma seule vue serait capable de donner raison à ton talisman diabolique, en occasionnant une maladie à ta mère, je t’aurais offert de t’accompagner… On n’est pas plus gentille, je pense ?