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heure, cela me semblait venir de plus loin que les temps et comme des berges d’une terre disparue. C’était le chant d’une Adèle morte, un chant confus et pâle flottant aux limbes du passé. L’émotion que j’en éprouvai fut si poignante, qu’impuissant à me contraindre davantage, je fondis en sanglots.

— Voyons, voyons, Goulven, sois un homme ! dit-elle, anxieuse et apitoyée.

Et ma conscience répéta, mais dure, impérieuse, ainsi qu’un écho d’airain :

— Sois un homme !

Je me reculai jusqu’à la pierre de l’âtre où je m’accroupis, les mains aux genoux, le front incliné vers le parquet.

— Tu vas me trouver plus déraisonnable que jamais, commençai-je. Mais promets-moi, je t’en supplie, de ne point me gronder.

— Tout ce que tu voudras, pourvu que je sache enfin…

J’exhalai un fort soupir.