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Brusquement, le hasard me vint en aide.

À force d’arpenter la lande, j’avais atteint, sans m’en apercevoir, la ferme de Kérudavel qui forme, à la limite de ce désert, une sorte d’oasis, avant-garde des terres cultivées de Lezcoff.

Je la reconnus à la haute baie de son porche, — un arc-de-triomphe du temps des Romains, au dire du percepteur de Pont-Croix. Je l’avais si souvent franchi ce porche, si souvent traversé l’aire dans laquelle il donnait accès, toute jonchée d’un fumier d’algues sèches et de bruyère flétrie ! Le char-à-bancs où, jadis, nous faisions avec Adèle nos escapades vers les villes, c’est à Kérudavel que j’avais coutume de le louer. Justement il était là, au beau milieu de la cour, le cul renversé, les brancards en l’air. Des bouffées de passé me montèrent aux narines ; je revis l’allégresse enfantine de nos départs, les roses jumelles que la fraîcheur du vent matinal faisait fleurir aux pommettes de ma