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l’ordre des choses nécessaires que cela fût. Je me reprochais seulement de ne m’en être point avisé plus tôt, d’être là comme une barque en panne qui tâte le vent et ne sait plus vers où gouverner.

Hé quoi ! je n’avais pas vécu un jour — non, pas un — sans redouter quelque embûche de la vie ; et l’abîme même où il était fatal que ma triste chance me fît choir, puisqu’il ne pouvait y en avoir pour moi de plus horrible, dire que c’était précisément le seul que je ne me fusse jamais représenté ! Parmi cette multitude de fantômes dont mon imagination, broyeuse de noir, excellait à peupler mes veilles et mes insomnies de Gorlébella, comment la menace de cette réalité, la plus immanquable, parce que la plus épouvantable de toutes, ne s’était-elle pas dressée devant mon esprit ?

Je m’étonnais de mon propre aveuglement, mon ingénieur ; et, comme jadis, à Saint-Pol, lorsque le professeur livrait aux