Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/151

Cette page n’a pas encore été corrigée

le bonsoir, sans même avoir abaissé son regard sur le « coffre à Jim ».

Moi, demeuré seul, je n’eus rien de plus pressé que d’ouvrir le léger meuble et d’en sortir, — pour la première fois peut-être depuis mon mariage, — non les lettres d’Adèle Lézurec, mais celles de ma mère… Ma mère ! Il y avait cinq grandes années qu’elle était comme absente de ma vie. Pas une fois, en ces cinq années, je n’avais éprouvé le besoin de lui écrire. Elle, de son côté, ne m’y provoquait point. Adolescent, n’avais-je pas brisé son rêve le plus cher, en me faisant exclure, à mi-route, des voies qui mènent vers le sacerdoce ? Jeune homme, ne lui avais-je pas porté un coup plus sensible encore, en me mésalliant avec une Trégorroise, fille d’une autre race, qu’elle tenait pour issue du sang maudit des Sirènes, et qu’à ce titre elle avait toujours refusé de connaître ?… Ni elle, ni moi, cependant, nous n’avions poussé jusqu’à la rupture définitive. À défaut