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La vie de mer, en sa compagnie, m’était devenue presque tolérable. Les heures de Gorlébella me semblaient voler d’une aile moins lourde. Quant à ma femme, je n’avais qu’à me louer d’elle. Elle ne se plaignait plus de rien, pas même de moi.

Elle ne m’écrasait plus de sa supériorité dédaigneuse, avait dans son air, dans sa personne, un je ne sais quoi de plus réfléchi, de plus sage. Mes contemplations silencieuses ne l’agaçaient plus. En revanche, elle demeurait elle-même des soirées entières sans éprouver le besoin de dire une parole. Son joli front mat, qu’enserrait sous la coiffe large ouverte le double bandeau de ses cheveux tressés, travaillait toujours, sans doute, mais en dedans ; elle ne rêvait plus tout haut, comme naguère, gardait pour elle seule ses imaginations et leurs mystérieux enchantements. Je l’en plaisantai une fois, non sans un secret dépit.

— Oui, répondit-elle, j’ai fait vœu d’être