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plus. Il y avait dans ma tête comme un grand trou au fond duquel bruissait une plainte longue et triste, pareille à la rumeur de la mer au dehors. Les éclats réguliers de la lanterne dansaient devant mes yeux. Je me plongeai le front dans les mains pour tâcher de me ressaisir. Brusquement, il me sembla qu’on me touchait l’épaule, et une voix, dont le timbre fit courir une vibration douloureuse dans tout mon être, dit :

— Allons ! Te voilà encore parti à rêver d’Elle, Goulven Dénès !

Du coup, le souvenir me revint. Je poussai un rugissement de bête et, les paumes crispées, m’apprêtai à sauter à la gorge de celui qui avait parlé. Mais il n’était plus là. Je courus à la porte : elle était restée fermée au verrou. Je prêtai l’oreille : nulle fuite de pas dans l’escalier ; tout le phare était silencieux comme une tombe. J’avais été le jouet d’une hallucination. « Te voilà encore parti à rêver d’Elle !… » Que de fois ne l’avais-je pas