Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/125

Cette page n’a pas encore été corrigée

quelques semaines, elle t’aura retourné ton gardien… Je le connais, c’est un Trégorrois, le meilleur, mais le plus faible des hommes. Il n’est pas de taille à jouter contre l’Ilienne. Et le vois-tu d’ici colportant chez moi, dans mon pays, dans ma parenté, toutes les sottises, toutes les vilenies, toutes les abominations qu’on lui aura fait accroire ? Ce sera du propre !

Elle était à bout de voix ; sous la toile fine de sa chemise, sa gorge haletait. Je saisis ses bras nus, qu’elle avait noués sur ses yeux gonflés par les larmes, et je murmurai du ton le plus soumis, le plus humble :

— Adèle, mon enfant, tu sais bien que je suis prêt à faire tout ce que tu jugeras bon… Donne-moi seulement un conseil, une idée… Tu as l’esprit vif, toi. Conçois-tu quelque moyen d’empêcher ce que tu redoutes ?

— Il n’y en a qu’un, répondit-elle, et qui te coûtera probablement, mais pas plus qu’à moi-même.