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III

La « pipée » de Jozon Briand



Jozon Briand demeurait alors à Kermarquer[1], Je vous parle d’il y a soixante ans environ. Il avait coutume, le soir, après souper et les prières dites, de rester au coin de l’âtre à fumer une « pipée. » Ce soir-là, quand il voulut bourrer sa pipe, il s’aperçut, non sans humeur, qu’il ne restait plus que quelques grains de poussière de tabac dans sa blague.

Sa femme lui dit, du lit clos où elle était allongée déjà :

— Offre à Dieu cet ennui, Jozon. Tu trouveras d’autant plus de saveur à ta « pipée » de demain.

— Ce n’est pas à mon âge qu’on change ses habitudes, répondit le fermier.

— Songe donc que tout le monde est couché dans la maison.

— Tant pis ! J’irai moi-même au bourg chercher du tabac.

  1. Manoir situé en Penvénan, à un kilomètre environ du bourg, et dont l’avenue s’amorce au chemin de Port-Blanc. Toute cette route de Penvénan à la mer est jalonnée de maisons à sinistres souvenirs.