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Les intersignes sont comme l’ombre, projetée en avant, de ce qui doit arriver.

Si nous étions moins préoccupés de ce que nous faisons ou de ce qui se fait autour de nous en ce monde, nous serions au courant de presque tout ce qui se passe dans l’autre.

Les personnes qui nient les intersignes en ont autant que celles qui en ont le plus. Elles les nient uniquement parce qu’elles ne savent ni les voir, ni les entendre ; peut-être aussi parce qu’elles les craignent et qu’elles ne veulent rien entendre ni rien voir de l’autre vie.

« Certaines gens ont plus que d’autres le don de voir.

« Dans mon jeune temps on se montrait du doigt, non sans une secrète épouvante, les personnes qui étaient douées de ce pouvoir mystérieux.

— « Hennés hen eus ar pouar ! disait-on (Celui-là a le pouvoir).

« Dans cette catégorie privilégiée, il faut ranger en première ligne ceux « qui ont passé en terre bénite et en sont sortis, avant d’avoir été baptisés[1] »

« Voici le cas :

« Un enfant vient de naître. Le recteur, que l’on est allé trouver, a fixé l’heure du baptême. Mais vous

  1. Cf. Le Carguet, Superstitions et Légendes du cap Sizun, in Revue des Traditions populaires, août 1889, t. IV, p. 465. — [L. M.]