Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/70

Cette page a été validée par deux contributeurs.

anciennes, l’idée du présage ne s’est point démêlée des autres idées auxquelles elle est entrelacée. Les apparitions des âmes sont à la fois signes et causes de mort ; aussi ne peut-on considérer l’intersigne comme un avertissement divin ; c’est la Mort elle-même qui décèle sa présence, c’est elle qui fait sortir du tombeau les âmes, qui vont devant elle, comme des hérauts, appelant les vivants ; tous ceux qu’elles rencontrent, elles les fascinent, elles les blessent, l’Ankou n’aura plus qu’à achever leur besogne. La nature entière frémit à l’approche de la mort : c’est l’oiseau (sparfel) qui voltige autour de la maison et vient frapper à la vitre, ce sont les chiens qui hurlent, c’est la pie qui vient se poser sur le toit. Pas une nuit ne se passe sans que quelques signes n’indiquent l’approche de la mort ; elle rôde sans cesse autour des hommes, les Bretons la sentent toujours présente et peut-être est-ce au sentiment que la grande mangeuse d’hommes est toujours là tout près d’eux, la main levée prête à s’abattre sur leur épaule, qu’il faut attribuer cette étrange tristesse, cette tristesse grave et songeuse, coupée d’éclats de gaieté, dont sont encore empreints ceux que n’ont point trop changés les idées nouvelles venues du pays de France.

Certaines cérémonies qui se sont perpétuées jus-