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délier. Mais il faut reconnaître qu’il joue beaucoup moins fréquemment ce rôle ridicule que dans les légendes germaniques, et que la plupart du temps l’enfer demeure un lieu mystérieux et formidable, d’où s’exhale la même terreur sacrée, qui monte des charniers et des cimetières.


V


Si nombreuses que soient les âmes qui demeurent avec les vivants dans leurs basses maisons de granit ou qui vivent dans les cimetières et les landes désertes, elles passent invisibles à la plupart des yeux et il est peu d’oreilles qui entendent dans l’air calme du soir leur vol silencieux et doux. Cependant on n’est jamais en ce monde sans nouvelles de cet autre monde de mystères, du monde des âmes et de la mort. Il en vient sans cesse comme de vagues rumeurs, des bruits lointains, des signes, des présages. Nul ne meurt sans que quelqu’un de ses proches n’en ait été averti. Certaines personnes ont entre toutes le don de voir, elles lisent plus aisément au livre de l’avenir, elles pénètrent tous les secrets de la mort, elles ont sans cesse des avertissements, des pressentiments ; elles aperçoi-