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il a accepté un jour pour lui-même l’invitation que Laou ar Braz avait lancée à tous les gens de Pleyber-Christ et, caché sous les habits d’un mendiant, il est venu à la fête que donne en l’honneur de la salaison d’un porc, le riche propriétaire de Kéresper. Mais il est venu en messager bienveillant, en ami, lui annoncer que la mort est proche et qu’il lui faut mettre ordre à ses affaires.

Il est d’autres âmes qui hantent les maisons où ont vécu leurs corps, tourmentant sans cesse les hommes qui les habitent après eux, comme le vieux fileur d’étoupe, qui, après sa mort, file encore dans son grenier. Mais c’est surtout au moment où l’âme vient de s’exhaler des lèvres d’un mourant que son voisinage est terrible pour les vivants ; c’est souvent une rude tâche que de veiller les morts. Le démon rôde autour de ceux qui meurent pour s’emparer des âmes méchantes, et bien des bruits sinistres traversent l’ombre silencieuse de la nuit où vacillent les lumières jaunes des cierges. Parfois même un mort s’est éveillé un instant du sommeil qu’il dormait, le sommeil profond des morts, et a saisi les cartes qu’un plaisant sacrilège lui tendait (La veillée de Lôn). Mais lorsque meurt un saint, tout au contraire l’air s’emplit d’une musique délicieuse ; on entend des clochettes d’argent