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aient toujours été des esprits errants dans les solitudes, que jamais ils n’aient possédé un corps pareil au nôtre ; mais comme les laveuses de nuit ils ont forme humaine ; le hopper-noz est un géant, le buguel-noz est un petit enfant à la tête trop grosse ; on les aperçoit rarement au reste, mais on entend le crieur de nuit hurler sur la lande et le petit enfant gémir et pleurer.

Peut-être tous ces êtres surnaturels étaient-ils originairement des morts et sont-ce seulement les noms particuliers qu’ils ont reçus ou les fonctions spéciales dont les a investis l’imagination populaire qui les ont tout d’abord séparés de la foule des autres âmes. Le fossé s’est alors creusé de plus en plus profondément et on a fini par les considérer non plus comme des âmes, mais comme des esprits. Ce qui conduirait à faire accepter cette interprétation, c’est ce qui passe dans le cas très analogue de Iannik-ann-Od ; ce Yannik, c’est incontestablement un noyé et ce nom de Jean des Grèves est même devenu une sorte de nom collectif pour désigner les âmes des noyés, c’est en réalité l’Ankou des gens de mer. Or il tend visiblement, en raison précisément de ce nom spécial qu’il porte, à se séparer des autres morts, plus complètement que l’Ankou lui-même, et à devenir un être surnaturel qui n’est