Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/56

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de nuit (ar hopper-noz), le petit enfant de la nuit (ar buguel-noz). Les laveuses de nuit lavent dans les étangs ou les ruisseaux les linceuls des morts, elles obligent ceux qui ont l’imprudence de leur adresser la parole à tordre avec elles toute la nuit le linge qu’elles viennent de laver. La maouez-noz contraint le malheureux à s’épuiser dans cette besogne sinistre et le matin on le trouve étendu sur la prairie mort ou évanoui. Il est fort difficile de savoir ce que sont exactement ces lavandières de nuit, il semble bien qu’elles n’appartiennent pas à la même race que les vivants, mais elles ont cependant l’apparence de femmes ordinaires ; elles sont vêtues comme les femmes qui vont au lavoir ; elles parlent breton comme les paysannes et il ne semble pas qu’elles soient douées de pouvoirs surnaturels que ne possèdent point les âmes des morts.

Le crieur de nuit, le buguel-noz, qui hantent les landes désertes, ont eux aussi les mêmes attributs et sont doués des mêmes pouvoirs que les âmes errantes ; ils ne sont point nettement distingués des morts, comme le sont par exemple les nains (korandonet) qui apparaissent dans les champs triangulaires, et cependant il semble bien que d’après la croyance commune ils n’aient jamais vécu la vie que vivent les hommes ; il semble qu’ils