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satisfaire ma curiosité, en me renseignant sur ce qu’il fait de ses journées ?

— Mon pauvre petit frère, répondit Marie, je ne le sais pas plus que toi.

— Que ne le lui demandes-tu ?

— J’en ai eu envie plus d’une fois, mais je ne l’ose.

— Tu aimerais donc à le savoir ? Oh ! bien ! puisque c’est ainsi, je vais, dès demain, m’attacher aux pas de mon beau-frère, et, avant qu’il soit longtemps, je saurai aussi clairement ce qu’il fait de ses journées que tu dois savoir, toi, ce qu’il fait de ses nuits.

C’était un malin que ce boiteux.

De toute la nuit il ne dormit point, afin d’être plus sûr de son coup. À la première lueur d’aube, il fut aussi vite sur pied que son beau-frère. Quand celui-ci déguerpit, Louizik, quoique boiteux, le suivait de près.

— Tiens, pensa l’enfant, qu’est-ce donc que ce chemin qu’il prend ? Me voici dans une route qui a dû être ouverte depuis hier soir, car je n’en ai jamais connu de semblable aboutissant à notre aire.

Il n’eut pas plus tôt fait cette réflexion que celui qu’il appelait son beau-frère se détourna et lui dit :

— Tu as voulu me suivre, petit ; tu es désormais obligé de me suivre jusqu’au bout. Il ne dépend plus de toi de rebrousser chemin. Fais, si tu le peux, ce que tu me verras faire. Mais il est inutile que tu me parles, je ne saurais te répondre.

— Soit ! répondit Louizik, tout penaud d’avoir été surpris en flagrant délit d’espionnage.

Les voilà de marcher côte à côte, en silence.

Au bout de quelque temps, ils se trouvèrent dans