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dis, qui sont beaux à voir dans les enluminures des vieux livres.

Efflam était un brave homme. Pour rien au monde il n’eût voulu contrarier sa fille dont il reconnaissait d’ailleurs la supériorité en toute chose. Il croyait de son devoir de la morigéner sur ce chapitre du mariage, mais il n’y mettait jamais d’insistance.

Donc, Mario, la fleur des filles, ne se faisait pas faute de refuser les prétendants. Plus elle en évinçait, plus il s’en présentait. De quoi le boiteux s’amusait beaucoup.

En fin de compte, il s’en présenta un qui venait assurément de fort loin, car il portait un costume tel qu’on n’en avait jamais vu dans le pays. Des pieds à la tête, il était entièrement vêtu de blanc. Je vous parle d’un blanc éblouissant dont l’éclat même de la neige n’aurait pu approcher. Il avait en outre des manières accortes, des façons de marcher, de saluer et de se tenir qui décelaient un très grand seigneur.

Dès le seuil, il alla droit à Marie, qui filait sa quenouillée, et lui dit d’une voix qui, à elle seule, aurait suffi à charmer :

— Je suis venu vous demander pour femme. Je reviendrai dans trois jours chercher votre réponse.

Il n’ajouta rien de plus, tourna sur ses talons et reprit la porte.

— À la bonne heure ! s’exclama Louizik. En voilà un qui ne ressemble pas aux autres.

Quant à Marie, elle était demeurée toute songeuse.

Le troisième jour, fidèle à sa promesse, l’étranger reparut.