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celle de Saint-Hervé sur la croupe du Ménez-Bré. La porte de la chapelle s’ouvrit. À l’autel, il y avait un prêtre vêtu d’une chasuble noire à grande croix d’argent, comme s’il célébrait l’Office des morts.

Dès que Iannik fut entré, le prêtre se tourna vers lui :

— Me répondrais-tu la messe, mon enfant ? demanda-t-il.

Il sembla à Iannik qu’il avait déjà entendu cette voix.

— Oui certainement, Monsieur !

Iannik n’eut pas plus tôt prononcé ce « oui » que la chapelle s’évanouit et que le prêtre disparut.

La gaule blanche de se remettre en marche, toujours suivie du garçonnet.

On arriva à un carrefour où aboutissaient trois routes. Mais elles étaient si rapprochées les unes des autres qu’elles paraissaient n’en faire qu’une seule. À l’endroit où elles s’amorçaient, deux hommes étaient armés de faux qu’ils tenaient croisées au-dessus du chemin.

— Tout à l’heure, se dit Iannik, je vais être pourfendu.

Pour franchir l’arche terrible formée par les faux, il baissa la tête et prit sa course tout d’une haleine, comme font les enfants au jeu de « Passez, passez, Gwennili[1] ! »

  1. Deux des joueurs se tiennent debout en face l’un de l’autre et joignent leurs mains en l’air, de façon à former une sorte d’arche