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Soudain se dressa devant lui un Ménez si grand qu’il barrait tout le ciel, comme une immense et sombre muraille. Le pied du mont était tapissé de mousse fine, plus douce que le velours. La brise répandait dans l’air une odeur suave, émanée on ne savait d’où. Iannic eut bien envie de s’allonger là, dans la mousse, pour respirer plus longtemps cette odeur. Comme si ce n’eût pas été assez de ce charme, des voix exquises se mirent à chanter. Il y en avait des cent mille et des cent mille, et elles chantaient bellement, mais sur un ton un peu triste. L’enfant serait volontiers demeuré des années, immobile, à les entendre. Il ne put que s’en délecter au passage. La baguette le tirait par la main. Il dut la suivre.

L’escalade du Ménez fut pénible et longue. Il fallait se raccrocher à des buissons, se cramponner à des roches.

Une fois au sommet, Iannik détourna la tête. Il vit derrière lui, sur la pente, une multitude d’enfants de son âge qui essayaient de grimper, comme il avait fait, en s’aidant des aspérités du sol. Mais ils roulaient en bas à mesure qu’ils s’efforçaient de monter. Les touffes d’herbes ou de genêts auxquelles ils se raccrochaient leur restaient dans les mains ; les pierres où ils se cramponnaient les entraînaient dans leur chute.

— Pauvres chers petits ! pensa Iannik, j’aurais bien voulu leur porter secours, mais ils sont trop nombreux.

D’ailleurs, la baguette ne lui en eût pas laissé le loisir. Elle le menait maintenant à une chapelle située sur la plus haute cime du mont, à peu près comme