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devant lui, ou plutôt devant la baguette, un chemin s’ouvrit dans l’inextricable fourré. Il s’y engagea hardiment. À mesure qu’il s’enfonçait plus avant, le chemin se refermait par derrière, en sorte, que Iannik était comme noyé dans une mer d’épines, d’épines aiguës et tranchantes comme des poignards.

Il en sortit sans une égratignure.

Il arriva sur une espèce de plateau découvert. Et soudain surgirent de ce plateau deux montagnes gigantesques. Elles étaient si hautes, si hautes, que leurs cimes se perdaient dans le ciel. Elles se dressaient chacune à une extrémité de l’horizon. Celle de gauche était noire, celle de droite était blanche. Iannic les vit s’ébranler toutes deux et fondre l’une sur l’autre avec une impétuosité qui donnait le vertige. Elles se heurtèrent si violemment qu’elles volèrent en éclats, avec un fracas immense, et pendant quelques instants, l’air fut obscurci par une grêle de pierres, blanches et noires. On eût dit une nuée de corbeaux aux prises avec une nuée de colombes. C’était un spectacle épouvantable que cette bataille de deux montagnes. Iannik pensait qu’elles s’étaient réduites l’une l’autre en poussière, tant leur choc avait été terrible. Mais il les aperçut, dressées de nouveau à chaque bout de l’horizon, et qui reprenaient leur élan sauvage.

— Hâtons-nous de passer, se dit-il.

Et profitant de l’écart qui séparait encore les deux monstres de pierre, il passa.

Un sentier à pente rapide le conduisit jusqu’à une grève. Du bas de cette grève, comme d’un enton-