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l’Ankou dans la plupart des contes et des légendes qu’a recueillis M. Luzel, dans l’histoire par exemple du Forgeron Sans-Souci[1] On ne voit jamais figurer dans un même récit plusieurs Ankou ; il semble donc qu’ils diffèrent moins les uns des autres que les Vierges adorées dans les différents sanctuaires et qui en sont venues à être conçues, non pas comme des noms divers d’un même être céleste, mais comme des êtres réellement différents. C’est ainsi, par exemple, que Notre-Dame du Port-Blanc rend visite à Notre-Dame de la Clarté. Cela est dû probablement à ce qu’il n’existe guère de représentations figurées, de statues de l’Ankou. Toutes ces divinités investies de fonctions identiques ne peuvent par elles-mêmes rester distinctes les unes des autres, et c’est ainsi qu’elles arrivent graduellement à se confondre en une seule, tandis que le nombre de « Notre-Dame » augmente sans cesse à mesure que s’ouvrent de nouveaux sanctuaires, consacrés tous cependant à la Vierge Marie.

Il semble qu’on puisse retrouver dans la conception de ces multiples divinités de la mort l’écho d’un très ancien culte ancestral. On sait en effet que chez la plupart des peuples non civilisés qui

  1. Légendes chrétiennes, t. I, p. 311.