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— Notre-Dame de Loquétou, celle que voici est Koantik, ma génisse. Si Dieu la préserve, ce sera une bonne vache avant peu. Je vous la donne, quoi qu’il m’en coûte, à la condition que, dans huit jours, par votre intercession, mon fils Glaoud soit de retour chez son maître, le fermier de Kerbérennès.

Maharit récita ensuite cinq Pater et cinq Ave, puis s’en retourna vers Duault, laissant Koantik, qui meuglait lamentablement, à la garde de Notre-Dame de Loquétou.

Huit jours après, comme les gens de Kerbérennès étaient en train de manger la bouillie du soir, dans la cour de la ferme, ils virent arriver un homme à la peau brûlée et qui sentait le roussi terriblement.

Tout d’abord, ils ne le reconnurent point.

Mais lui salua le fermier par son nom.

Aussitôt, ce fut un éclat de rire universel.

— C’est Glaoud-ar-Skanv ! C’est Glaoud-ar-Skanv !

Glaoud, seul, ne riait pas.

— Va prendre ta cuillère[1], lui dit le maître de Kerbérennès ; tu arrives à temps pour le souper. Tout en mangeant, tu nous conteras d’où tu viens.

— D’où je viens ? répondit Glaoud-ar-Skanv. D’un lieu où je vous souhaite à tous de ne jamais aller… de l’enfer ! Sans ma brave femme de mère, j’y serais encore.

À partir de ce moment, personne n’eut plus goût à la bouillie. On entoura Glaoud. On toucha ses vête-

  1. Dans nos fermes, chacun a sa cuillère sur laquelle il fait graver son nom.