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sainte la plus puissante de toute la région. Il n’y a guère que Monsieur saint Servais qui ait autant d’influence auprès de Dieu.

— Voyons, se dit la vieille Maharit, la mère de Glaoud, qu’est-ce que je pourrais offrir à Notre-Dame de Loquétou, pour me la rendre favorable ?

Elle fit le tour de sa maison, cherchant des yeux quelque objet qui eût chance de plaire à la Vierge de Locarn. Hélas ! c’était une maison de pauvre, qui ne contenait qu’un misérable lit, un bahut, deux bancs et une table boiteuse. La Vierge de Locarn avait mieux que tout cela.

Voilà Maharit bien en peine.

— Hé mais ! s’écria-t-elle soudain, en se frappant le front, j’ai encore ma génisse !

Elle courut à la crèche.

La génisse était là, une jolie génisse au poil roux, moucheté de blanc, qu’elle avait achetée à la dernière foire de Bré, du fruit de ses longues économies. Elle la héla doucement :

— Viens, Koantik ! viens, ma chère petite bête !

Et la génisse vint, croyant que c’était pour recevoir sa provende de chaque matin.

Maharit lui passa une longe autour du cou et s’en alla par la grande route, du côté de Locarn. Croyez que ce lui était un dur crève-cœur de se séparer de Koantik. Il fallait qu’elle aimât bien son chenapan de fils et qu’elle séchât d’envie de le revoir !

Elle entra dans la chapelle avec la génisse, et, l’ayant attachée à la balustrade du chœur, elle dit à Notre-Dame :