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LXXIII

Glaoud-ar-Skanv


J’ai connu à Duault un franc luron qu’on appelait Glaoud-ar-Skanv (Claude le Léger). Il passait pour être à demi païen, préférait la messe de l’auberge à celle de l’église, et ne disait de prière ni le matin, ni le soir.

On l’en plaisantait, dans le pays :

Pa c’ha da gousked Glaoud-ar-Skanv,
He lemm he dok da diwezan.

« Quand va se coucher Claude le Léger, — c’est son chapeau qu’il ôte le dernier. »

Un soir qu’il était soûl et jurait à faire crouler le ciel, il eut maille à partir avec le diable.

Pôlic vint à lui, l’enleva en croupe et l’emporta en enfer.

La vieille mère de Glaoud fut bien désolée. Elle aimait son fils qui se conduisait honnêtement envers elle et qui était d’ailleurs son unique soutien. Elle se mit à sa recherche par monts et par vaux. Mais elle eut beau frapper à tous les cabarets, à six lieues à la ronde, personne n’avait vu Glaoud-ar-Skanv. La pauvre femme, désespérée, résolut de s’adresser à Notre-Dame de Loquétou, en Locarn, qui est bien la