Lyon-sur-Rhône, bien loin d’ici, comme vous voyez !
Ayant obtenu un congé d’un mois, il voulut se montrer en uniforme aux gens de son pays, et prit la diligence de Bretagne (dans ce temps-là il n’y avait pas encore de chemins de fer). La voiture le déposa à Belle-Isle-en-Terre. De là à Trézélan, son village, il avait à faire encore trois bonnes lieues. Mais qu’est-ce que trois lieues pour un soldat qui rentre au pays ?
Il se mit en route, d’un pied leste.
Comme il passait au Ménez-Bré, il croisa un vieux prêtre qui avançait péniblement, la taille courbée en deux, et menait en laisse un chien noir, un affreux barbet.
— Hé ! mais ! s’écria le soldat du plus loin qu’il le vit venir. C’est Tadic-coz ! c’est ce bon Tadic-coz ! Bonjour, Tadic-coz.
— Bonjour, mon enfant.
— Vous ne me reconnaissez donc pas, Tadic-coz ?
— C’est que ma vue baisse, mon enfant.
— Je suis Jobic, Jobic Ann Dréz, de la ferme de Coatfô en Trézélan. C’est vous qui m’avez baptisé, Tadic-coz, et qui m’avez fait faire ma première communion.
— Oui, oui, ta mère est Gaud Ar Vrân. Elle sera bien contente de te revoir… Et, ajouta le vieux prêtre, après une courte hésitation, tu es sans doute pressé d’arriver à Coatfô ?
— Dame, oui, Tadic-coz. Je ne serais pas fâché d’être rendu. Mais pourquoi me demandez-vous cela ?
— C’est que… Si tu avais eu le temps… Il y a là ce vilain barbet qu’il faut que je conduise au recteur de