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LXIX

La conjuration de Trogadek


(GWERZ)


I

Depuis que Trogadek est mort, aux alentours rien ne dure.

Seul un jeune prêtre du Léon a eu la hardiesse de le venir conjurer, en apportant avec lui son étole.

Le jeune prêtre demandait à Trogadek, en le conjurant :

— Dites moi, Trogadek, combien y a t-il de temps que vous êtes décédé ?

— Oh ! il y a sept ans passés, et plus, depuis que je suis en enfer archi-rôti.

— Vous faites mensonge, Trogadek. Car, il n’y a pas sept jours passés que votre veuve est en deuil et, nuit et jour, verse des larmes. Dites-moi, Trogadek, qu’est-ce qui est cause que vous êtes damné ?

— J’ai été marchand-mercier. Je voudrais bien ne l’avoir jamais été. Quand les chalands me demandaient de leur couper trois aunes d’étoffe, je leur en servais une aune et demie, et je touchais le prix de trois.