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fiques, tantôt lutte avec le revenant corps à corps ; quelquefois il ruse avec lui, il lui pose des questions embarrassantes et profite du moment où il est occupé à chercher la réponse, pour lui passer l’étole au cou. Dès lors le revenant est vaincu. Il devient d’une docilité rampante. Le prêtre prononce sur lui la formule d’exorcisme et le fait entrer dans le corps d’un animal, le plus souvent d’un chien noir. Il le traîne hors de la maison, puis le remet à un homme de confiance, généralement le bedeau ou le sacristain, dont il se fait toujours accompagner en semblable occurrence. Tous deux se dirigent alors, le prêtre marchant devant, le bedeau suivant avec la bête, vers quelque endroit peu fréquenté, comme une lande stérile, une carrière abandonnée, une fondrière dans une prairie. « C’est ici désormais que tu demeureras » dit le prêtre au mort. Et il lui délimite l’espace dans lequel il se pourra mouvoir. Pour circonscrire cet espace, il se sert habituellement d’un cercle de barrique. On choisit un endroit peu fréquenté, parce que si quelqu’un passait à portée du conjuré, il serait sûr d’être appréhendé par les pieds et entraîné sous terre.

Dans les marais qui avoisinent l’embouchure du Douron, au Moual’chic (lieu du petit merle), en Plestin, il y avait un conjuré qui criait sur un ton lamentable, toutes les nuits :

— Daouzek dezio Pask ha Nedelek,
Re C’hourmikel, ha re ann Drinded,
Biskoaz hini, nhe n’am eus grêt !…