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LXVIII

Conjurations et conjurés[1]


Les personnes qu’on est obligé de conjurer sont presque toujours des riches dont les biens ont été mal acquis, des tuteurs qui ont accaparé les deniers de leurs pupilles ; bref des gens qui ont volé et qui ont à restituer.

Leurs âmes sont condamnées à errer, jusqu’à ce que le tort qu’elles ont fait ait été réparé de quelque façon. Elles sont hargneuses et méchantes. Elles rôdent sans cesse autour de leur ancienne demeure, et se vengent de leur détresse en portant le trouble parmi les vivants. On les conjure, pour les réduire à l’immobilité et au silence.

Les prêtres seuls ont le pouvoir de conjurer. Encore tous les prêtres ne le savent-ils pas faire. Il faut un homme habile, déterminé, sûr de sa science. C’est tout au plus s’il s’en trouve un par région. Il ne suffit pas

  1. Cf. R.-F. Le Men, loc. cit., p. 424. — [L. M.]