dinaire, il eût été averti de la route à tenir, par les douves ou par les fossés. Mais là, dans cette lande rase, il avançait, ma foi, à la grâce de Dieu.
Il regrettait bien fort, en ce moment, de s’être attardé au bourg de Pontmelvez, à boire avec des maçons qui travaillaient à l’église neuve. Ajoutez qu’il n’avait pas pris le temps de souper et que son estomac criait famine.
— En vérité, se disait-il, je donnerais volontiers deux ou trois sacs de charbon fin pour une botte de paille sous n’importe quel toit et pour un petit morceau de n’importe quel pain !
Soudain, il sembla que Dieu voulût exaucer son souhait.
À quelque distance il vit scintiller une lumière qui annonçait une maison habitée. Le « marchand de froment noir[1] » marcha droit sur elle. Il se trouva bientôt devant une misérable hutte dont le toit de genêt descendait presque jusqu’à terre.
— Ohé ! cria-t-il, il y a ici un chrétien qui demande ouverture au nom de Jésus-Christ, de Notre-Dame la Vierge et de tous les saints de Bretagne.
Il répéta par trois fois sa supplique. Trois fois elle demeura sans réponse.
— Cependant, pensait le charbonnier, là où il y a une lumière, il y a une âme, morte ou vivante.
Et, laissant là son cheval et sa charrette, il se mit
- ↑ Ar marc’hadour gwiniz dû. On appelle ainsi, par plaisanterie, les charbonniers.