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balaierez ensuite la maison, de façon à ce que l’aire en soit nette ; vous mettrez le balai dans un coin, la tête en bas. Cela fait, lavez-vous les pieds, jetez l’eau sur les marches du seuil, et couchez-vous. Mais soyez preste.

Fanta Lezoualc’h obéit en hâte. Elle suivit de point en point les recommandations de son mari. Le trépied fut bien assujetti à son clou, le sol de la maison nettoyé jusque sous les meubles, le balai renversé, le manche en l’air, l’eau qui avait servi à laver les pieds de Fanta répandue sur les marches du seuil.

— Voilà ! dit Fanta, en sautant sur le « bank-tossel », et en se fourrant au lit, sans même prendre le temps de se déshabiller tout à fait.

Juste à ce moment, la « femme de nuit » cognait à la porte.

— Fanta Lezoualc’h, ouvrez ! C’est moi qui vous rapporte votre linge.

Fanta et son mari se tinrent bien coi.

Une seconde, une troisième fois, la femme de nuit répéta sa « demande d’ouverture ».

Même silence à l’intérieur du logis.

Alors on entendit au dehors s’élever un grand vent. C’était la colère de la Maouès-noz.

— Puisque chrétien ne m’ouvre, hurla une voix furieuse, trépied, viens m’ouvrir !

    mort pourrait venir s’y asseoir et se cruellement brûler ; en punition, un membre de la famille serait frappé sans doute de quelque malheur. Cf. P. Sébillot : Coutumes populaires de la Haute-Bretagne, p. 274 ; F. Marquer : Traditions et superstitions du Morbihan (Rev. des Trad. pop., t. VII, p. 178). — [L. M.]