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LXVI

Celle qui lavait la nuit


Fanta Lezoualc’h, de Saint-Trémeur, pour gagner quelques sous, se louait à la journée dans les fermes des environs. Aussi ne pouvait-elle vaquer à son propre ménage que le soir. Or, un soir, elle se dit en rentrant : « C’est aujourd’hui samedi, demain dimanche. Il faut que j’aille laver la chemise de mon homme et celles de mes deux enfants. Elles auront de temps de sécher, d’ici à l’heure de la grand messe, car la nuit promet d’être belle. »

Il faisait, en effet, un magnifique clair de lune.

Fanta prit donc le paquet de linge et s’en alla laver à la rivière.

Et la voilà de savonner, et de frotter, et de taper, à tour de bras. Le bruit de son battoir retentissait au loin, dans le silence de la nuit, multiplié par tous les échos :

Plie ! Plac ! Ploc !

Elle était toute à sa besogne. Quel que fût l’ouvrage, elle y allait ainsi, hardiment, des deux mains. C’est sans doute pourquoi elle n’entendit pas arriver une autre lavandière.

Celle-ci était une femme mince, svelte comme une biche, et qui portait sur la tête un énorme faix de