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Les pratiques de sorcellerie que son enquête a fait connaître à M. Le Braz sont marquées de la même empreinte ; elles sont, elles aussi, étroitement apparentées aux cérémonies magiques en usage chez les diverses peuplades d’Océanie ou d’Afrique. Comme aux sorciers mélanésiens une boucle de cheveux ou un fragment d’os, il faut aux jeteurs de sort bretons des rognures d’ongles pour composer le charme qui fera périr un ennemi[1]. Powell a observé des coutumes analogues dans la Nouvelle-Bretagne et la Nouvelle-Irlande[2] ; Moseley[3] aux îles de l’Amirauté ; Gason, Taplin, Meyer[4], etc., en Australie. Mais tandis que le magicien australien cherche à s’emparer d’un débris d’ongle ou d’un cheveu de la personne qu’il veut frapper, voire même d’un os qu’elle a rongé ou d’un débris de ses aliments, c’est un morceau d’un de ses ongles à lui que met dans le charme qu’il vous donne le sorcier breton. C’est sans doute là une déviation d’un vieil usage dont le sens se sera perdu ; on n’en aura plus conservé que la lettre, on n’aura

  1. W. Murray, Missions in Western Polynesia.
  2. Loc. cit., p. 171
  3. Notes by a Naturalist on the « Challenger », p. 475.
  4. The native tribes of South Australia, p. 24, 195, 275. Cf. Dawson, Australian Aborigines, p. 36 ; Polack, Manners and Customs of the New Zealanders, I, p. 282.