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Juluenn Karis, ne se fit pas trop prier. Sa femme disait vrai : l’annonce du mariage de sa fille, avec le fils d’Ervoann Pennek, le combla de joie. Il se laissa sans protestation aucune revêtir de ses plus beaux habits et prit, en compagnie de sa « vieille », attifée elle aussi, comme pour un dimanche de Pâques, le chemin du Quinquiz, où demeuraient les Pennek. Le garçon vacher les précédait avec une lanterne, car la nuit était noire comme un péché mortel.

En arrivant dans l’aire du Quinquiz, ils virent tout le rez-de-chaussée éclairé d’une vive lumière. À coup sûr il allait y avoir grand régal. On n’attendait plus qu’eux pour signer le contrat et faire bombance.

Ils furent tout surpris, en franchissant le pas de la porte, d’entendre qu’on récitait les « litanies de la mort »…

Sur la table de la cuisine, garnie d’une nappe blanche qui pendait jusqu’à terre, ils virent étendu le corps de René Pennek. Il avait une fente au milieu du front, et, par cette fente, la cervelle se montrait. Au bas-bout de la table était placée une assiette où trempait un rameau de buis dans l’eau bénite dont on asperge les défunts. De chaque côté de l’âtre, le père et la mère du trépassé pleuraient en silence.

Juluenn Karis et sa femme n’osèrent questionner.

La même pensée leur était venue à tous deux. René Pennek avait dû trouver la mort entre leur manoir et le Quinquiz.

Mais qu’était-il advenu de Dunvel ?

En vain ils la cherchaient des yeux parmi les fem-