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apporter le bonsoir, à son retour, ainsi qu’il le lui avait promis le matin. Car, pensait-elle, depuis longtemps déjà il devait être rentré du Mézou-Meur.

Comme elle lui faisait reproche, à part soi, de ce manquement à sa promesse, elle eut une joie vive.

Le pas d’un cheval venait de retentir sur le pavé de la cour ; et, presque aussitôt, trois coups vigoureusement frappés ébranlèrent le bois de la porte.

Nul doute : c’était lui ! c’était René !

L’horloge de la maison, en ce moment même, tinta minuit.

Dunvel attendit que l’heure eût fini de faire son vacarme, avant de répondre à l’appel du voyageur.

— C’est toi, René ? dit-elle.

— Certes, oui, c’est moi !

— Tu as bien fait de venir m’apporter le bonsoir. Je commençais à penser que tu n’étais qu’un trompeur. Cette idée m’aigrissait le sang. Maintenant que j’ai entendu le son de ta voix, je vais pouvoir dormir à l’aise.

— Il s’agit bien de dormir. Je viens te chercher pour te conduire chez moi et faire de toi ma femme.

— Y songes-tu, René ? sais-tu quelle heure il est ?

— Qu’importe l’heure ! Toute heure est mon heure. Lève-toi vite, Dunvel, et viens t’en !

— Tes parents consentent donc ?

— Ils ne peuvent plus refuser, maintenant. Dépêche-toi, si tu ne veux que je me lasse d’attendre.

Dunvel se leva, mais une pareille démarche, à une heure si peu chrétienne, ne laissait pas que de lui sembler étrange. Avant d’ouvrir la porte à René Pennek,