Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/433

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Si vous voulez que les revenants ne puissent rien contre vous, ne cheminez jamais de nuit sans avoir sur vous l’un quelconque de vos instruments de travail. Les instruments de travail sont sacrés. Aucune espèce de maléfices ne peut prévaloir contre eux.

Un tailleur, voyant un mort s’avancer sur lui, fit le signe de la croix avec son aiguille. Le mort disparut aussitôt, en criant :

— Si tu n’avais eu ton aiguille, j’aurai fait de toi un homme (je t’aurais broyé)[1] !

    le mort qui tutoie le vivant. Cela infirme-t-il le précepte ? Nullement. Toute conteuse obéit, malgré elle, à un vague instinct de littérature. Le mort lui apparaît comme un personnage d’une espèce supérieure, comme un être sacré. Elle ne se résigne pas, dans le récit, à le faire tutoyer par son interlocuteur. Telle est, je crois, la véritable explication.

  1. Cf. L.-Fr. Sauvé : Voyage et Voyageurs, in Mélusine, III, c. 358 ; E. Souvestre : Le foyer breton, p. 182. — [L. M.]