enfants qu’elle avait eu coup sur coup. On s’étonnait dans le pays qu’elle ne se remariât point. Elle n’était pas de taille à mener seule une exploitation aussi importante que celle de Keranniou.
D’aucuns prétendaient que le bon Dieu avait pris pitié d’elle, et expliquait ainsi le retour du Vieux à la ferme, après sa mort.
Il y avait peut-être de cela, mais ce n’était pas la grande raison.
On le sut plus tard.
Un matin, Catherine se rendit au presbytère de Tourc’h. La gouvernante du recteur, la « carabassenn », lui trouva l’air pâle, la mine plus souffreteuse qu’à l’ordinaire.
— Je voudrais parler à M. Dénès, murmura la pauvre femme, en s’affaissant sur une chaise.
M. Dénès, c’était le recteur, un brave homme de prêtre. Il fit entrer la veuve de Keranniou dans la salle à manger et ferma soigneusement la porte. Il pressentait qu’elle avait à lui faire quelque grave confidence.
La veuve ne fut pas plus tôt seule avec lui qu’elle fondit en larmes. Le recteur la laissa pleurer, puis l’encouragea doucement.
— Dites-moi votre peine, Katic ; cela vous soulagera, j’en suis sûr.
— Jamais je n’oserai, monsieur Dénès. C’est si invraisemblable, si surnaturel !
Elle finit par oser. Elle se confessa, non sans rougir de honte. Voilà : elle se sentait enceinte. Elle pouvait jurer ses grands dieux pourtant que pas homme