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était aussi l’envers, en restait endolori pendant toute une semaine.

Sur ces entrefaites, Thérèse, qui était devenue une belle et forte fille, quitta la ferme pour se marier. Les enfants ayant grandi et pouvant désormais se passer de soins, la veuve de Keranniou ne jugea pas à propos de la remplacer. La servante principale, moyennant une faible augmentation de gages, se chargea de toute la besogne. Pôtr-coz ne l’aimait pas. Elle était grignouse, c’est-à-dire revêche. Toujours grognant, geignant, rechignant. Ce fut une tout autre chanson. Ou plutôt, Thérèse partie, il n’y avait plus de chanson du tout. Adieu le bon temps ! Le Vieux en devint fort maussade. On voyait bien qu’il ne cherchait qu’une occasion de jouer un mauvais tour à la servante principale désormais l’unique. Elle la lui fournit elle-même.

Le Vieux, ai-je dit, prenait grand plaisir à regarder faire des crêpes.

Comme on n’en faisait plus que dans l’âtre de la cuisine, c’est là qu’il vint s’installer désormais, près de la servante que nous appellerons, si vous voulez, Môn. Celle-ci, dès la première fois, l’accueillit assez mal. À la seconde, elle lui signifia durement qu’elle ne tolérerait plus sa présence. Le Vieux n’était pas homme à se déconcerter. Le troisième jeudi, il était encore à son poste. Pour le coup, Môn enragea.

Elle grommelait :

— Il m’ennuie, ce Vieux. Il est là qui me regarde tout le temps avec son œil en dessous… Mais je m’en vais lui faire passer le goût des crêpes.