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LIX

L’âme dans un tas de pierres


Si vous avez été au Ménez-Hom, vous avez dû remarquer le « tas de pierres[1] » (Ar Bern-Meïn). Mais vous ne savez peut-être pas son histoire. Je m’en vais vous la conter.

Autrefois, il y avait en Bretagne un roi très puissant qu’on appelait le roi Marc’h[2], parce qu’il était fort comme un cheval. Samson lui-même n’aurait pu jouter avec lui. Le roi Marc’h s’enorgueillissait de sa force ; souvent aussi, il en abusait. C’était un terrible batailleur. Malheur à qui faisait mine de lui résister. Quand il avait envie d’une chose, il ne se gênait pas pour la prendre, surtout quand cette chose était une belle fille qui lui plaisait. Il faut tout dire : le roi Marc’h avait aussi ses bons côtés. Par exemple, il distribuait volontiers l’aumône. De plus, quoiqu’il ne fût pas dévot, il avait une vénération particulière pour sainte Marie du Ménez-Hom. On prétend même que

  1. Ce « tas de pierres » est une espèce de cairn situé entre les deux principaux sommets du Ménez-hom, au pied de la partie de la montagne qui est connue sous le nom de Menez Kelc’k, et non loin d’une ancienne voie romaine qui se dirigeait sans doute sur Crozon.
  2. Marc’h, cheval.