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LVIII

Le vieux fileur d’étoupes


C’était à Kéribot, en Penvénan, dans une maison composée d’un rez-de-chaussée et d’un étage. J’occupais le rez-de-chaussée, avec ma femme et mes enfants. À l’étage, demeurait un vieux qui était de son métier fileur d’étoupes.

Ce vieux vint à mourir.

J’étais alors ce que je suis aujourd’hui : un pauvre tailleur de campagne, sauf qu’en ce temps-là, j’étais jeune, actif, et que la besogne ne me faisait jamais défaut. J’en avais même, la plupart du temps, à ne savoir par où commencer. J’étais obligé de passer la plus grande partie de mes nuits à coudre. Ma femme, qui était tricoteuse, me tenait compagnie. On couchait les enfants de bonne heure, et nous vaquions à notre ouvrage, chacun de son côté.

Un soir, que nous veillions ainsi, en silence, ma femme Soëz me dit tout à coup :

— N’entends-tu pas ?

Elle me montrait du doigt le plancher, au-dessus de nos têtes.

Je prêtai l’oreille.

C’était à croire que le vieux fileur était ressuscité, et qu’il recommençait à tourner son rouet, là-haut, dans