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LVII

Le laboureur et sa ménagère


Le vieux Fanchi, de Kermaria-Sulard, étant mort sans laisser d’enfants, sa ferme échut à des parents éloignés qui n’eurent rien de plus pressé que de la vendre. Elle fut achetée par la veuve Salliou. Ne pouvant l’exploiter elle-même, celle-ci y plaça deux de ses domestiques, un garçon et une servante.

Le garçon, qui s’appelait Jobic, dit un matin à la servante qui s’appelait Monna :

— Je vais aller faire un tour par les champs, afin de me rendre compte de ce que j’y devrai semer. N’apprête pas mon dîner de trop bonne heure.

— Cela se trouve bien, répondit la servante, j’employerai ce temps à visiter la maison, afin de savoir où se trouve chaque chose.

Jobic se mit en route. Il traversa le courtil, inspecta le verger, puis s’engagea dans les friches.

Il s’était écoulé environ deux mois depuis le décès de Fanchi. Durant ces deux mois les mauvaises herbes avaient poussé dru.

— Tout de même, pensait Jobic, il est aisé de voir que le maître n’est plus là.

Fanchi passait pour le laboureur le plus soigneux de toute la région. De son vivant, ses terres étaient les