— Je le jure par les sept douleurs de la Vierge-Mère !
Avant le premier coup de minuit, Grida était au rendez-vous. Elle y trouva le recteur, qui lisait dans son livre noir, à la clarté de la lune. L’heure sonna. Le prêtre ferma son livre, fit le signe de la croix, et appela par trois fois Noëlik Lenn. Au troisième appel, la tombe s’entr’ouvrit : Noëlik apparut, debout. Il était tel que de son vivant, si ce n’est que sa figure était toute triste et que sa peau était couleur de la terre.
— Voici votre fils, Grida, dit le recteur.
Grida s’était prosternée, pour attendre, derrière un genêt qu’elle avait fait planter au pied de la tombe. À la voix du prêtre, elle se releva et alla vers son fils lui tendant les bras. Mais il l’écarta du geste.
— Ma mère, prononça-t-il, nous ne devons plus nous embrasser, avant le jour du dernier jugement.
Il se pencha pour cueillir une branche à la touffe de genêt.
— Quoi que j’exige de vous, vous avez juré de vous y soumettre.
— C’est vrai, j’ai juré, répondit Grida.
— Prenez donc cette branche de genêt et fouettez-moi de toutes vos forces.
La pauvre femme se recula, suffoquée d’étonnement et aussi d’indignation.
— Te fouetter, moi !… Fouetter mon fils, mon Noëlik tant aimé ! Ah ! non, par exemple, jamais !!!
Le mort reprit :
— C’est parce que vous m’avez trop aimé autrefois, c’est parce que vous ne m’avez jamais fouetté, qu’il