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LV

Il ne faut point trop pleurer l’Anaon


… En ce temps-là, il y avait à Coray une jeune fille dont la mère venait de mourir et qui ne pouvait se consoler de cette perte.

Elle ne faisait que pleurer, jour et nuit. Tout ce que les voisines pitoyables lui disaient pour tâcher d’apaiser sa douleur ne contribuait qu’à l’aviver encore.

Souvent elle se démenait comme une folle, en criant :

— Je voudrais revoir ma mère ! Je voudrais revoir ma mère !

En désespoir de cause, les voisines eurent recours au recteur qui était un saint homme. Celui-ci se rendit auprès de la jeune fille, et, au lieu de lui faire reproche de ses lamentations, se mit à la plaindre doucement. Puis, après l’avoir un peu calmée de la sorte, il lui dit :

— Vous seriez bien aise de revoir votre mère, n’est-ce pas, mon enfant ?

— Oh ! Monsieur le recteur, il n’y a pas un instant dans la journée où je ne supplie Dieu de m’accorder cette faveur.

— Eh bien ! mon enfant, il va être fait selon votre désir. Venez me trouver, ce soir, au confessionnal.