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— Mon fils est un écervelé. Tu devrais le morigéner, Kado. Tu es plus sérieux que lui, toi. Je tremble souvent que son étourderie ne lui porte malheur.

— Soyez tranquille, répondit Kadô Vraz ; je vous affirme au contraire qu’il a dû naître sous une bonne étoile.

Et, souhaitant le bonsoir, il tourna les talons. Sur le seuil, il fit halte, un instant.

— Bonne marraine, dit-il, priez donc Fulupik de me venir joindre demain, dès l’aube, au carrefour de la Lande-Haute.

La Lande-Haute est un dos de colline, semé d’herbe maigre et planté de quelques ajoncs, où paissent des vaches de pauvres. Deux chemins, deux sentiers plutôt s’y croisent au pied d’un calvaire. C’est à ce calvaire que se rendit Kadô Vraz. Il avait d’abord été chez lui prendre un licol, sous prétexte de ramener des champs la jument grise. Il attacha ce licol à l’une des branches de la croix et se pendit.

Quand, à l’aube du lendemain, Fulupik se trouva au rendez-vous, ce fut pour voir le corps de son ami se balancer entre terre et ciel.

En ce temps-là, pour rien au monde on ne se fût permis de toucher à un homme qui s’était volontairement donné la mort.

Fulup Ann Dû, fort marri, descendit dans la plaine raconter le malheur qui était arrivé. Lorsqu’il dit la chose chez les Omnès, Marguerite se mit à pleurer abondamment.

— Ah ! s’écria le jeune homme, c’est lui que vous aimiez !