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XLVII

Iannic-an-ôd


Les noyés, dont le corps n’a pas été retrouvé et enseveli en terre sacrée, errent éternellement le long des côtes.

Il n’est pas rare qu’on les entende crier, dans la nuit, lugubrement :

— Iou ! Iou !

On dit alors, dans le pays de Cornouailles :

E-man-Iannic-ann-ôd o iouall ! (Voilà Iannic ann-ôd, — Petit-Jean de la grève, — qui hurle !)

Tous ces noyés hurleurs sont instinctivement appelés Iannic-ann-ôd.

Iannic-ann-ôd n’est pas méchant, pourvu qu’on ne s’amuse pas à lui renvoyer sa plainte sinistre. Mais, malheur à l’imprudent qui se risque à ce jeu ! si vous répondez une première fois, Iannic-ann-ôd franchit d’un bon la moitié de la distance qui le sépare de vous ; si vous répondez une deuxième fois, il franchit la moitié de cette moitié ; si vous répondez une troisième fois, il vous rompt le cou.

Un domestique de ferme revenait de conduire les bêtes aux champs, un soir d’été, dans le temps où l’on commence à leur faire passer les nuits dehors.