En même temps des mains invisibles s’efforçaient de lui arracher son filet.
Il comprit qu’il avait mal agi en manquant de respect à la tête de mort. Il savait d’autre part qu’il ne fait pas bon avoir affaire à des noyés. Le voilà de se remettre en quête du crâne ; le retrouver ne fut pas chose facile.
Mon père se disait :
— Si je l’ai rejeté dans la mer, je suis un homme perdu. Tous les bras qui s’agitent là-bas si désespérément vont m’entraîner avec eux dans l’abîme.
Fort heureusement, la tête de mort avait été arrêtée par un rocher.
Mon père la reporta pieusement à l’endroit où elle gisait quand son pied l’avait heurtée tout d’abord.
Grâce à quoi il put rentrer chez lui sain et sauf. »
Qui se fie à la mer se fie à la mort. Qui meurt en mer, meurt donc toujours par sa faute. C’est pourquoi les noyés, qu’ils aient péri volontairement ou non, restent faire pénitence à l’endroit où ils ont été engloutis, jusqu’à ce que d’autres viennent se noyer à la même place. Alors seulement, ils sont délivrés.
Vers 1856, trente-deux personnes affrétèrent une gabarre pour se rendre par mer au pardon de Benn-